"Vous n'avez réclamé la gloire ni les larmes... La mort n'éblouit pas les yeux des Partisans." Ecrits par Aragon, chantés par Léo Ferré, ces mots ne seraient rien sans ceux qui les ont inspirés, sans ces "délinquants communistes", ces "criminels ennemis de l'ordre et amis des juifs" placardés sur une affiche rouge de propagande et fusillés par les Allemands en 1944. Parmi eux, un certain Missak Manouchian, arménien immigré en France, a récemment été intronisé au Panthéon. Mis en scène par Saté Khachatryan, ce spectacle en forme d'hommage, qui vise à garder vivace la mémoire de leur engagement et des actes héroïques qui leur ont coûté la vie. Un spectacle qui porte une réflexion sur l'universalité de leur sacrifice, dont la résonance s'amplifie au contact de notre modernité. Car vrai, les fusils rouillent et s'enrayent ; mais les mots d'un homme écrivant à sa bien-aimée quelques heures avant d'être fusillé : "Bonheur à tous, bonheur à ceux qui vont survivre. Je meurs sans haine en moi pour le peuple allemand", ces mots-là sont éternels, et ceux d'un frère, assurément.